Saint Louis : Corruption et Genre dans le Secteur Routier en QuestionS

_ « Partners West Africa – Sénégal est une organisation indépendante, régionale, dont les activités principales sont axées sur la promotion d’une gestion participative et inclusive de la sécurité. C’est dans notre contribution à ladite gestion, que le Département d’Etat Américain à travers l’International Narcotics and Law Enforcement, a bien voulu fiancer le projet intitulé « Sahel Road Safety Initiative ».

Malgré les politiques de gouvernance sur la sécurité nationale et transfrontalière, l’insécurité routière est une réalité qui gagne des proportions inquiétantes. En Afrique et particulièrement au Sénégal, cette situation n’est pas sans conséquences pernicieuses sur la stabilité socio-économique, le développement l’épanouissement et la sécurité des groupes vulnérables tels que les enfants, les jeunes de manière générale et les femmes. Les conflits intra et inters communautaires, les accidents enregistrés dans l’espace routier (blessures, invalidités et décès), l’intrusion d’individus affiliés à des organisations terroristes, les violences sexuelles, sexistes et psychologiques qui sont bien réels témoignent de l’insécurité routière nationale.1

Les efforts consentis par le Gouvernement du Sénégal pour la protection sociale et environnementale n’excluent pas pour autant l’adoption de certaines pratiques illicites telles que le trafic humain, le trafic de drogue, le blanchiment de capitaux, la coupe de bois de bois, surtout dans les zones frontalières que partagent le Sénégal, la République de Guinée, la Guinée Bissau et le Mali.

En dehors de ces phénomènes, l’on dénote également la recrudescence des accidents de la circulation, conséquence de décès, de blessures graves et d’invalidité avec un impact alarmant sur la survie socio-économique des membres des familles des victimes et des survivants. Les médias révèlent 231 accidents ayant occasionné au total 70 décès entre le mois de Janvier et le mois de Septembre 20222 . Des mesures urgentes sont en train d’être prises par l’Etat du Sénégal, à travers le Ministères des Infrastructures et du Désenclavement afin de réduire significativement le nombre d’accidents routiers. Cette problématique grandissante est en lien direct avec l’état défectueux des routes et les fortes inondations ayant des retombées négatives sur l’économie, la réduction des déplacements et du temps de travail.

A côté de ces facteurs, nous pouvons noter l’incivisme de certains conducteurs automobiles et hippomobiles, l’ignorance et le non-respect des codes de conduites. Pourtant, des progrès importants ont été notés à travers des dialogues entre Gouvernants, Forces de Défense et de Sécurité (FDS), Organisations de la Société Civile (OSC), leaders communautaires, les femmes, les jeunes et d’autres parties prenantes pour la prévention de l’insécurité routière et la promotion de comportements responsables en matière de conduite.

Il s’y greffe par ailleurs les risques élevés de VBG dans les stations et gares routières dont les femmes, les filles et les enfants qui s’activent dans le secteur informel sont exposés. Au même moment, leurs

voisins des pays du Sahel et de la Nigéria qui sont transportés « illégalement » au Sénégal, précisément dans les régions du Sud souffrent d’exploitations diverses telles les abus sexuels, le chantage, les travaux forcés, la mendicité et d’autres formes de violences regrettables. Il s’y rajoute également l’exposition des femmes usagères des transports telles que les conductrices, les commerçantes à des formes de corruption autres que des échanges en nature.

La problématique de l’insécurité routière risque de rester entière si les Gouvernants, les OSC, les FDS, les citoyens ne font pas de la lutte contre la corruption, et l’intégration du genre dans la gestion de l’espace routier une priorité absolue. Les professionnels interrogés dans le cadre de l’enquête sur la perception et le coût de la corruption 3estiment que le transport et le contrôle routier comme les domaines les plus corrompus avec une représentativité de 23,8%. D’ailleurs, dans une enquête de perception réalisée par PWA-Sénégal, 48% à 68% des interviewés confirment l’existence d’une corruption dans les axes routiers. 4

La corruption encourage le désordre, les comportements désinvoltes dans l’espace public. Elle constitue une réelle menace à une justice équitable, à la stabilité sociale et au maintien de l’ordre public. L’on constate une politique progressive relative à la féminisation des femmes FDS qui pourrait être considéré comme un vecteur d’une bonne gouvernance dans le secteur routier. Cependant, l’insuffisance d’institutions qui pourraient favoriser leur participation à la politique active de lutte contre la corruption est une réalité. Ce que confirme une étude réalisée par la Banque Mondiale : « Ce n’est pas la présence des femmes qui conduit à moins de corruption, mais l’existence d’institutions démocratiques libérales qui par ailleurs favorisent l’accès des femmes aux postes de décision ». 5(H-E Sung 2003, étude sur un échantillon de 99 pays). Devant l’ampleur de ces phénomènes inquiétants, les politiques de promotion de la sécurité seront renforcées à travers des dialogues entre Gouvernants, FDS, Organisations de la Société Civile, les leaders communautaires et toutes les autres couches de la population.

Dans la continuité des quatre années de succès d’exécution du projet « Initiative de sécurité routière », Partners West Africa-Sénégal se fixe pour ambition de contribuer significativement à la réduction de la corruption et l’intégration de la dimension genre dans la gestion de l’espace routier. A la suite de la recherche qualitative et quantitative réalisée sur les défis et opportunités de l’intégration du genre et de la lutte contre la corruption dans le secteur routier, PWA-Sénégal projette d’organiser des ateliers de co-conception qui s’inscrivent dans une démarche inclusive et participative pour développer des initiatives de sécurité routière qui répondent aux préoccupations des acteurs de la sécurité routière et des populations de manière générale. Ces ateliers permettront de renforcer la cohésion entre les FDS agents d’application de loi dans l’espace public, les acteurs de la sécurité routière et les communautés. Les projets pilotes conçus par les participants permettront de fournir aux gouvernants, au Partenaires Techniques et Financiers des solutions pertinentes pour une meilleure gouvernance routière. Lesdits ateliers se tiendront à Dakar, Diourbel, Fatick, Kaolack, Tambacounda, Louga, Matam, Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor ».

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