PetroGaz à Saint Louis : Ou La Nécessaire Relecture des Etudes D’ Impacts

_ « Un des grands défis de l’économie extractive en Afrique est d’en faire un levier du plein emploi et une activité suffisamment responsable pour un développement durable et inclusif. Ce qui est loin d’être le cas dans la plupart des pays africains riches en ressources naturelles du fait d’une gouvernance peu transparente, exclusive des aspirations des populations locales. La rente pétrolière profite plus au secteur privé international qu’aux pays qui les reçoivent pour exploiter leurs ressources. Une situation qui révèle une asymétrie dangereuse qui rend de plus en plus faibles les États au profit des investisseurs étrangers et de leurs compagnies multinationales qui exploitent les ressources dans des conditions juridiques et organisationnelles qui leur sont le plus souvent profitables. Également, l’exploitation des ressources pétrolières et gazières implique des conséquences écologiques souvent agressives au point de remettre en cause l’équilibre de l’écosystème et les moyens d’existence durables des communautés riveraines.
À cela s’ajoute l’urgence de la crise climatique ainsi que le respect de l’Accord de Paris qui exigent de réelles transformations socio-écologiques avec la transition énergétique vers les énergies renouvelables comme élément clé.
2020 qui devrait être l’année de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris était surtout l’année qui a vu le monde plonger dans une crise sanitaire sans précédent qui a fini de toucher tous les domaines et les secteurs de la vie, présentant par la même occasion une multitude d’opportunités d’une transformation mondiale plus que nécessaire vers un développement non seulement durable mais absolument propre et respectant la justice sociale.
La pandémie COVID-19 a massivement changé le marché mondial du pétrole et de plus en plus de voix, y compris des compagnies pétrolières comme BP, annoncent que l’ère de la production pétrolière touche à sa fin et que le pic de production serait peut-être même déjà dépassé. Jusqu’à présent, ce débat n’a guère eu lieu au Sénégal, pas plus que la discussion sur les conséquences environnementales et sociales de la future production pétrolière.
Dès lors, une action incisive auprès des parties prenantes et au niveau de la planification et de la réglementation est importante pour privilégier les conditions qui favorisent l’intérêt des populations des pays riches en ressources naturelles et le défis contemporains de développement durable comme la crise climatique ainsi que la chute du marché du pétrole au niveau international.
Au Sénégal, il est important d’initier un dialogue citoyen et de redevabilité ouvert entre les citoyens et les décideurs suite aux dernières découvertes pétrolières et à leur exploitation annoncée en 2023. Cette finalité est en définitive une obligation constitutionnelle au Sénégal. L’article 25 de la constitution modifiée en 2016 exige de veiller au caractère transparent et démocratique de la gouvernance des ressources naturelles à travers une implication active du peuple sénégalais dans les processus et instances de prise de décision sur les ressources. Également de veiller à ce que ces ressources soient effectivement utilisées, à travers les politiques budgétaires mises en place, pour améliorer les conditions de vie des Sénégalais.es et leur assurer un bien-être. Enfin, il s’agira aussi, dans ce travail, de s’assurer que les citoyen.es sont suffisamment outillé.es pour assumer entièrement leur responsabilité et devoir de préserver les ressources naturelles dans l’intérêt national et dans celui des futures générations.
Après une première phase qui a consisté à organiser une contribution collective des organisations citoyennes nationales sensibles aux changements climatiques, LEGS-Africa compte organiser lesconditions d’une revue par les pairs des aspects environnementaux et sociaux sur l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal. Et de leurs implications sur les moyens d’existences des acteurs économiques et communautés riveraines, notamment du secteur de la pêche artisanale.

C’est dans ce cadre que, mettant à contribution un expert environnementaliste, un travail préliminaire de revue de l’étude d’impact environnemental et social du projet de GTA a été initié. Ce travail de recherche a abouti à des résultats qui méritent d’être partagés avec les parties prenantes locales du secteur, notamment les communautés. C’est fort de cela que LEGS Africa compte organiser une session communautaire de discussion du rapport de la revue et d’élaboration d’u plan de suivi communautaire des impacts environnementaux et sociaux du projet , le jeudi 18 aout 2022, à 9h, à La Maison Rose, Saint-Louis.
Objectifs de l’atelier
De manière globale, il s’agira de partager le rapport provisoire de la revue scientifique de l’étude d’impact environnemental et social du projet de GTA avec les différentes parties prenantes locales, notamment les communautés riveraines à l’exploitation du pétrole et du gaz au large de Saint-Louis.
Plus spécifiquement, il sera question de :

  • Discuter le rapport provisoire d’analyse de l’EIES sous la guidance des termes de référence de l’étude ;
  • Inviter les communautés à partager leurs préoccupations relatives au suivi des impacts de l’exploitation du projet GTA et identifier les priorités locales ;
  • Elaborer un plan local de suivi des impacts environnementaux et sociaux du projet GTA par les communautés riveraines.
    Résultats attendus
  • Les résultats du rapport sont discutés par les participants sous la guidance des termes de référence de la mission ;
  • Les communautés ont partagé leurs préoccupations et les priorités locales sont identifiées ;
  • Un plan local de suivi des impacts environnementaux et sociaux du projet GTA est élaboré ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *