A Travers  » La Démocratie est une Force Tranquille  » Écrivain Louis Camara ( Poémes ) Revisite les Évènements de Mars Dernier au Sénégal

  » IN MEMORIAM
Amer restera le souvenir de ce mois de Mars De l’an vingt et un du vingt et unième siècle Où notre pays a failli plonger dans le chaos. Sa belle jeunesse debout et mobilisée
A payé le prix du sang pour que soient respectées
Les lois qui régissent la cité et la protègent
Contre les abus de pouvoir et la tyrannie.
Nous qui sommes vivants soyons des témoins vigilants Et sachons dire la vérité au moment opportun. Inclinons-nous pieusement et honorons la mémoire De ces jeunes pousses fauchées à la fleur de l’âge
De ces martyrs tombés pour la démocratie
Afin que leur mort ne soit pas inutile
Et que jamais ne soit vain leur sacrifice sublime.
FORCE TRANQUILLE
La démocratie est une œuvre de longue haleine Elle s’inscrit dans la durée, mûrit au fil du temps Et ne triomphe qu’au prix de luttes et de sacrifices. La démocratie est une belle et noble idée
Une force tranquille qui se fraie un chemin
À travers les méandres sinueux de l’Histoire.
La démocratie est comme un lumineux flambeau Qui vient éclairer les peuples et les guider
Sur les chemins de la dignité et la liberté.

HEURTS ET LUEURS D’UNE DÉMOCRATIE
1 – Du côté de la vérité
Souillée, piétinée, étranglée, violée
Salie, trahie ; avilie, meurtrie,
La démocratie gémit et se tord de douleur Sous les coups de boutoir de ses contempteurs Sans pitié pour sa fragile constitution.
Mais ses partisans, outrés du sort qui lui est fait Promettent de se mobiliser pour la protéger. Beaucoup même se disent prêts à se sacrifier Pour éviter à tout prix qu’elle soit dévorée
Par le monstre sans visage qui la menace.
Pendant ce temps les adorateurs du veau d’or Trafiquants de terres, de gaz et de pétrole Toujours plus avides de richesses et de pouvoir Conspirent à tous vents car ils ont décidé
De tuer dans l’œuf toute tentative d’opposition À leur ignominieux et funeste dessein : Anéantir partout la justice et la liberté.
Leurs armes favorites sont le mensonge,
La calomnie, la délation et la terreur
Dont ils se servent pour semer la terreur et la désolation.
Mais plus déterminés que ces prédateurs voraces Les soldats et les combattants de la démocratie Fourbissent leurs armes avec résolution
Ayant aussi à cœur de faire triompher leur cause. Sage arbitre de combat de gladiateurs
Le peuple souverain monte la garde et surveille Le mouvement des troupes et leur stratégie.
En temps opportun il saura, c’est certain,
Choisir le bon camp et, s’il le faut, intervenir Pour faire pencher la balance du côté de la vérité.

2 – Alternance avortée
À l’aube de la seconde alternance
Les cœurs de tous ceux qui aspiraient au changement Étaient emplis de ferveur et palpitaient d’espoir Croyant que le grand soir était enfin arrivé.
Les nouveaux élus faisaient miroiter la promesse
De lendemains meilleurs et de progrès sans précédent. Mais très rapidement les choses se sont gâtées.
Dans les villes aussi bien que dans les campagnes La désillusion n’a pas tardé à gagner les esprits Et les miracles annoncés ne se sont pas produits Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs Et nombre de « grands projets » extraordinaires N’étaient en fait que de tristes éléphants blancs. Le panier de la ménagère déjà si léger
Est peu à peu devenu désespérément vide.
Quant aux libertés même les plus élémentaires Elles se sont rétrécies comme une peau de chagrin Nous rapprochant plus des dictatures bananières Que des pays démocratiques exemplaires.
Le pire est venu de la justice et du parlement
À présent régentés par le pouvoir exécutif
Ce qui dans toute république vraiment respectable Est une aberration voire une monstruosité.
Et voici que s’en mêle une terrible pandémie Qui a fini de mettre le pays à genoux
Et qui menace même de le pulvériser
Si d’efficaces mesures ne sont pas prises à temps. C’est pourtant ce moment qu’ont choisi certains Pour faire éclater un ignoble scandale
Qui ébranle les fondements de notre société.

3 – Au nom de tous les martyrs
La dévolution monarchique étant écartée
Il n’est pas question d’évolution vers la monarchie
Et nul n’acceptera que soient vendangées
Nos droits et nos libertés si chèrement acquis. Levons-nous et tous ensemble comme un seul homme Refusons de nous laisser mener en bateau
Par ceux qui, à tort, se croient au dessus des lois
Et veulent imposer leurs désirs et leurs volontés
Au mépris des principes qui régissent la nation !
Tout le monde se souvient de ce fameux vingt trois juin Où le pays tout entier a soudain basculé,
S’opposant à ce qu’on voulait lui faire accepter
Et qui ne répondait nullement à ses aspirations.
Le sang a coulé et des martyrs sont tombés Pour que flotte l’étendard de la liberté Pour que triomphent la justice et la vérité Pour que vive la démocratie tant aimée.
Aurions-nous déjà oublié ces glorieux instants D’une Histoire qui se construit jour après jour
Au fil du temps et des gouvernements ?
Ah ! Souvenons-nous de ceux qui ont versé leur sang De ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie
De ceux qui ont refusé la forfaiture
Et n’ont pas voulu que l’on bafoue la république, De ceux qui sans peur et sans hésitation
Sont restés debout en première ligne
Offrant leur poitrine aux escadrons de la mort Pour que vive et triomphe l’idéal commun. Rendons hommage à la mémoire de ces héros Et poursuivons le combat pour la démocratie !

4 – Pour éviter le pire
Osons le dire, la république est en danger
L’état de droit petit à petit s’est affaibli
Et les derniers remparts de la démocratie Risquent de s’effondrer si nous n’y prenons garde !
Il est grand temps de dire non à la dictature
Et de chasser le spectre de l’autoritarisme
Tous les citoyens honnêtes et épris de justice Ont l’impérieux devoir de défendre les libertés.
Il est maintenant grand temps de restaurer
La dignité de nos institutions bafouées
De redonner toute sa valeur au serment de Thémis Que nombre de magistrats semblent avoir oublié.
Il est grand temps que notre parlement croupion Soit remplacé par une assemblée digne de ce nom Et cesse d’être une chambre d’applaudissements Pour exprimer enfin la volonté du peuple !
Il est temps pour tous de s’armer de courage De refuser toute forme de manipulation
De rejeter la lâcheté et la compromission
Et d’annihiler tout sentiment de peur.
Mobilisons-nous pour que jamais n’arrive le pire : Tomber dans les ténébreux bas-fonds de l’Histoire Et regarder notre pays se transformer en goulag Où régneront l’injustice et la tyrannie.
Ne renonçons ni à nos droits ni à notre devise Qui restera toujours : Un peuple, Un but, Une foi. N’abjurons pas le serment fait à nos aïeux D’entretenir le feu sacré qu’ils ont allumé.
Poètes, ne soyez inspirés que par la vérité
Et destinez vos vers à la postérité.
Dénoncez les imposteurs et les usurpateurs
Aux prétentions malsaines autant que saugrenues.
Soyez des éclaireurs et des éveilleurs de conscience Car cette nation doit renouer avec les valeurs Hier léguées par ses sages et ses héros
Et qui doivent être le socle sur lequel il repose.

ODE À LA DÉMOCRATIE À Nelson Mandela
I
Dommage que ton nom si beau soit autant galvaudé ! Éminence dans le champ des idées politiques Montesquieu, Tocqueville et bien d’autres penseurs Ont œuvré à faire connaître tes vertus
Car de toi émane un idéal de justice Rarement atteint hélas au cours de l’Histoire. Amie des peuples et une bêtes noire des tyrans Ton charme se fait mortel pour les dictateurs Ivres de leur pouvoir, assoiffés de richesses
Et qui se réclament de toi sans respecter ta loi.
II
Des centaines et des milliers de tes partisans Épris de paix, de justice et de liberté
Meurent chaque jour aux quatre coins du monde Ou sont jetés dans de sinistres prisons.
Ces courageux défenseurs de ta noble cause Rêvaient tout simplement de te voir couronnée Applaudie, aimée de tous et même adulée
Tant sont désirables les promesses de tes fruits, Idylliques les horizons de lumière
Et les aubes nouvelles que tu annonces.

III
Démocratie ! Je te chante et je te célèbre ! Éternelle et généreuse fille du peuple,
Mille fois assassinée, mille fois ressuscitée Offrande sublime faite à l’humanité
Chemin parsemé d’étoiles et de rêves,
Rien ne saurait m’empêcher de croire en toi ! Au-delà des barrières et des frontières
Tu es le plus solide rempart des droits humains Inébranlable quant à leur application
Exigeant des gouvernants leur stricte observation.
IV
Demain il fera jour et la démocratie
Égérie flamboyante des temps modernes Mûrira, s’épanouira et se déploiera partout Orientera les nations sur de radieux chemins Réduira à néant les inégalités
Allumera le flambeau de la fraternité Tournera la plus grande page de l’Histoire Inspirera de nouvelles et belles utopies
Et donnera son vrai sens au combat de la vie « .

 

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